Le confinement dû à la pandémie COVID-19 a-t-il impacté le moral des golfeurs ?

par le Professeur Dominique Stephan,                                           

Chef de Service Cardiologie et Maladies Vasculaires,  CHU Strasbourg
dominique.stephan@chru-strasbourg.fr                               

 

 

D’après l’analyse de l’article : The Impact of the Closure and Reopening of Golf Courses in the United Kingdom on Wellbeing During the COVID-19 Pandemic: A Multi-Study Approach. G Sorbie et collaborateurs, Frontiers in sort and active living, publié le 2 février 2021.

La pratique du golf est une source de bien-être physique et psychique. De nombreuses études ont montré l’impact favorable du golf sur des paramètres de qualité de vie tels : l’estime de soi, la confiance en soi, le sentiment d’être à la hauteur (compétence), l’humeur, la réduction du stress et finalement la sensation globale de bien-être,

La pandémie COVID-19 due au virus SARS-Cov2 a imposé un confinement dans de nombreux pays qui a bien sûr impacté les activités physiques et sportives. Dans la plupart des pays les terrains de golf ont été interdits à la pratique pendant le confinement. Quelles ont été les répercussions de cet éloignement forcé des terrains sur le moral des golfeurs ? Des auteurs écossais se sont intéressés à ce point particulier en mesurant l’impact du confinement sur des paramètres de qualité de vie et d’activité physique chez des golfeurs.

La méthodologie

Ils ont étudié ces paramètres sur un premier échantillon de 298 golfeurs (étude 1), recrutés dans la région de Dundee à 100 km au nord-est d’Edimbourg, pendant la période de confinement lors de la première vague pandémique, de mars jusqu’en mai 2020 (10 semaines de confinement pour le royaume uni). Ces auteurs ont répété la même étude sur un 2e échantillon de 124 golfeurs (étude 2), issus de la même région, après la levée des mesures de confinement.

Ces golfeurs, pour la plupart amateurs, étaient tous volontaires pour participer à cette étude. Ils devaient avoir plus de 16 ans, résider au Royaume Unis et avoir participé à au moins deux compétions en 2019. L’étude comprenait des questions de 3 ordres :

1) qu’elle avait été leur activité physique reliée au golf (swing, chipping, putting, réalité virtuelle, …), et qu’elle avait été leur activité sédentaire reliée au golf (lecture de magazines, visionnage de compétions à la télévision ou de tutoriels d’apprentissage ou de démonstration)

2) quelle était leur activité physique (AP) durant ces périodes, AP évaluée grâce à un questionnaire international (IPAQ-SF, tableau 1)

3) enfin, les participants étaient invités à remplir un questionnaire comprenant 18 questions concernant des critères de « bien-être » : estime de soi, confiance en soi, compétence, humeur et qualité des relations sociales pour l’essentiel.

Les résultats

Les données recueillies se référaient à une semaine complète d’activité (4-12 mai 2020 pour l’étude 1 et 6-14 juillet pour l’étude 2). Les différents paramètres détaillés ont été corrélés avec la période de l’étude.

  • Etude 1

Un total de 298 golfeurs a été inclus dans l’étude 1 (86% d’hommes et 14% de femmes) dont l’âge s’étendait de 16 à 89 ans (moyenne 53 ans ± 15 ans). Cet échantillon comprenait essentiellement des amateurs et 6 golfeurs professionnels. Les résultats de l’étude 1 ont montré que le confinement n’avait pas impacté les critères d’évaluation de bien être de manière significative (ni dans le sens de la dépression ou de l’amélioration). Ces résultats pouvaient être expliqués par le fait que les golfeurs avaient poursuivi une forme d’entrainement physique à la maison. Par ailleurs les auteurs ont montré que lors de leur période sédentaire, les golfeurs visionnaient des reportages sur le golf ou des tutoriels sur internet qui contribuaient à maintenir un sentiment d’appartenance à leur communauté sportive. Autres explications à cet effet relativement neutre: les moyens de communications modernes (réseaux sociaux, internet) ont aussi aidé les golfeurs à maintenir le lien entre eux, évitant l’isolement et la rupture des liens sociaux.

  • Etude 2

Un total de 124 golfeurs a été inclus dans l’étude 2 (déconfinement). Il s’agissait à 83% d’hommes et 17% de femmes, de 20 à 89 ans (âge moyen 54+/-15 ans). Leur handicap variait de 0 à 50 (moyenne 14+/-9). Les résultats ont montré que la pratique du golf en milieu naturel était significativement corrélée au sentiment d’appartenance, de joie et la sensation de bien-être. Par ailleurs la pratique du golf sur le terrain était logiquement associée à une activité physique plus importante que pendant la période de confinement. L’effet sur les connections sociales était lui plus mitigé dans la mesure ou le déconfinement s’était assorti de mesures persistantes de distanciation sociale telle : fermeture des vestiaires, non-reprise des compétitions et fermeture des club-house.

Que retenir ?

Le sentiment intuitif que le confinement avait altéré la qualité de vie des golfeurs n’est pas démontré. Grace à des exercices à la maison, le visionnage de reportage de golf à la télévision ou de tutoriels sur internet et les communications via les réseaux sociaux, les golfeurs ont gardé le moral comme en témoigne l’absence d’effet du confinement sur les critères de bien être mesurés dans l’étude 1. Par contre au déconfinement, la reprise de l’activé golfique en plein air a montré ses effets bénéfiques sur l’activité physique et les paramètres de qualité de vie et de bien-être. Dans un contexte de possible 4ème vague, ces résultats pourraient inciter nos autorités sanitaires et sportives à ne pas limiter la pratique du golf en plein air.

Tableau 1 : Questionnaire international d’activité physique (résumé)

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